En 1977 fut publié dans la revue ufologique "Les Extraterrestres" une interview du capitaine de gendarmerie Kervendal. C'est aussi l'année de la création du GEPAN (dirigé alors par Claude Poher), organisme officiel au sein du CNES et chargé de récolter et étudier les observations d'Objets Volants Non Identifiés (OVNI). Aujourd'hui, ce service existe toujours sous la dénomination GEIPAN (http://www.cnes-geipan.fr/).
Cet entretien très intéressant date de l'époque où a été créé le GEPAN (le nom n'est pas encore mentionné dans l'entretien). Les choses se précisent...
"[...] Le mariage est un autre rituel hautement symbolique. Dans notre monde fait de dualités par la création, l'union de deux extrêmes, le masculin et le féminin, le yang et le ying, nous rappelle la nécessité de retourner à l'unicité. C'est comme cela que je comprends le refus de l'Eglise d'offrir ce sacrement aux homosexuels. Comme personne n'explique ce rituel ésotérique, nous ne pouvons plus en comprendre le sens et réduisons trop souvent cette cérémonie à une formalité administrative. D'ailleurs, quand l'officiant déclare que les humains ne doivent pas séparer ce que Dieu a uni, on en conclut que le divorce doit être prohibé, au lieu de saisir que c'est la création dans la dualité de la matière qui doit être évitée puisqu'elle nous éloigne de l'unicité de Dieu.
Les cérémonies funéraires ont également perdu leur sens profond. On les pratique dans nos pays pour favoriser le processus de deuil des survivants, alors qu'elles étaient à l'origine destinées aux morts. Les traditions anciennes s'accordent à dire que les âmes ne se libèrent pas si facilement du plan matériel et qu'elles risquent d'errer longtemps dans les niveaux les plus denses de l'au-delà. Il s'agirait donc de les aider, par des prières et des incantations, à continuer leur chemin spirituel dans l'amour et la lumière (ajout personnel : c'est ce qu'enseigne le Livre des Morts Tibétains dans le bouddhisme. Aider le défunt à évoluer dans le Bardo-Thödol qui sont les différentes étapes dans l'au-delà).
[...] La méconnaissance du sens des rituels nous fait souvent trouver la religion aride et incompréhensible. C'est ce que je reproche à la plupart des cérémonies religieuses. Elles prennent le moyen pour le but. Elles nous obligent à répéter des pratiques qu'elles refusent de nous expliquer. Sans comprendre les rituels visant à ouvrir les portes de la spiritualité, nous nous retrouvons perdus dans ce bas monde et dans l'impossibilité de trouver notre chemin. [...] Autrefois, la spiritualité était ésotérique, et son explication était cachée au commun des mortels. Déjà, chez les Égyptiens, les prêtres étaient les garants des pratiques secrètes et l'Eglise catholique a perpétué la tradition qui consistait à ne pas expliquer le fondement de ses croyances. Au Moyen Âge, les seuls livres disponibles étaient ceux qui avaient reçu l'imprimatur. Aujourd'hui, la situation a changé. Internet permet de sonder le fond de la pensée de tous les maîtres qui ont existé depuis les débuts de l'humanité. Il est possible à tout un chacun de tester le mouvement spirituel qui lui convient le mieux. D'un simple clic, Epictète, Durkheim ou Krishnamurti peuvent faire irruption dans notre quotidien. Le résultat est qu'un nombre de plus en plus important de fidèles désertent les églises s'ils ne trouvent pas d'explications et de sens aux rituels, à l'obligation du célibat des prêtres, à l'interdiction du divorce, au rejet du mariage homosexuel, etc." - Bertrand Piccard ("Changer d'altitude", pp. 287/288/289.
"Par essence, le monde ne peut pas être seulement beau, la vie, heureuse, et l'avenir facile. Pourquoi ? Simplement parce que la création, l'incarnation dans la matière, ne peut exister que par la dualité. Quel que soit le nom qu'on lui donne, Dieu est décrit comme un Être d'unicité. Mais dans la création, rien, absolument rien ne peut exister sans son contraire. Nul besoin de partir dans l'Extrême-Orient du yin et du yang pour le voir : tout ce qui nous entoure, tout ce qui fait le monde et la vie est divisé en jour et nuit, chaud et froid, haut et bas, gauche et droite, mais aussi, évidemment, en heureux et malheureux, facile et difficile, rires et larmes, joie et souffrance, bien et mal, santé et maladie, bonté et cruauté, naissance et mort, etc.
Que cela nous plaise ou non, que cela corresponde ou non à notre image de Dieu, la dualité fait partie intégrante de notre existence terrestre. Les plus grandes joies sont associées aux plus grandes tristesses. La douleur d'une perte vient du bonheur d'avoir pu profiter d'une présence. Les pires deuils sont possibles parce que nous avons aimés." - Bertrand Piccard ("Changer d'altitude", pp. 270/271).
"Ce que je peux affirmer en tout cas, c'est que j'ai été en contact direct avec un certain nombre de sujets pour lesquels les épreuves de la vie ont été un important moteur d'évolution personnelle et spirituelle. En ce sens, les résultats indiquent qu'il existe bel et bien une pédagogie de l'épreuve, ainsi que des réponses spirituelles et philosophiques chez des sujets éprouvés par la vie. Et si la Faculté n'est pas la première à en parler spontanément, elle a tout de même eu l'honnêteté de me donner un prix académique pour ma thèse ! Il est intéressant de relever à cet égard que les études sur l'anthropologie et la médecine montrent l'absence de clivage entre la cosmologie et la thérapeutique au sein des médecines traditionnelles anciennes, qu'elles soient chinoise, indienne, amérindienne ou même occidentale (Paracelse). Les patients de mon étude ne font pas non plus de clivage entre leurs attentes thérapeutiques et spirituelles. Il ne disent pas avoir consulté spécifiquement tel ou tel type de médecin, et la plupart avouent même avoir consulté des soignants allopathes autant que complémentaires. Et pourtant, les médecins universitaires paraissent peut-être malgré eux entretenir le fossé qui se creuse, bien malheureusement, entre thérapeutique et spiritualité, gardant la première pour eux et laissant la seconde aux thérapeutes alternatifs.
Bertrand Piccard
Une plus grande ouverture de leur part aux préoccupations même irrationnelles de leurs patients améliorerait certainement la compliance et le dialogue thérapeutique en même temps que l'image de la médecine académique. Sans cela, nous risquons de voir les patients prendre de l'avance sur leurs médecins. Ils n'ont d'ailleurs pas attendu leur thérapeute pour approcher les exercices de yoga et de méditation prônés en Orient depuis la nuit des temps." - Bertrand Piccard ("Changer d'altitude", éditions Pocket, pp.255/256).
Ce livre (voir plus bas la référence) de l'explorateur Bertrand Piccard n'est pas une énumération de ses aventures mais une sorte de traité philosophique, basé sur sa grande expérience d'explorateur, des relations humaines, et aussi son expérience de médecin psychiatre, spécialisé en hypnose. Je le recommande fortement. Extrait.
"Pour créer un conflit, il faut être deux. Il faut une résistance chez l'un qui stimule la combativité de l'autre. Sans résistance, pas de combat. En allant dans le même sens que l'adversaire, ce dernier n'a plus besoin d'attaquer ni de se défendre. Tentez l'expérience suivante : proposez un bras de fer à un ami, mais n'opposez aucune force. Votre partenaire gagnera une ou deux fois sans effort et voudra rapidement arrêter de jouer.
Avant mes années de montgolfière, je serais tombé dans le piège de l'affrontement, et j'aurais aussi sûrement manqué la sortie dans la situation suivante : je venais de terminer une conférence au profit de ma fondation humanitaire. Six cent personnes avaient acheté un billet, et la salle était comble. Au moment de passer à la phase des questions-réponses, un homme lève la main pour obtenir le micro et demande :
- Avez-vous compté le nombre de bêtises que vous avez réussi à dire en une heure ?
Ma première réaction aurait pu me pousser à argumenter, à dire que je ne pensais pas qu'il s'agissait de bêtises, et j'aurai perdu. Il est possible que je n'aie pas été assez clair et que cela ait rendu quelques idées difficiles à comprendre. D'autres participants seraient alors intervenus pour le confirmer et la situation m'aurait échappé.
Je venais de parler des bienfaits d'aller avec le vent quand on ne peut pas le changer. Je ne pouvais donc pas m'y soumettre (ajout perso : lorsque Bertrand Piccard parle "d'aller avec le vent" c'est une métaphore).
Pendant deux secondes, j'ai ressenti la bouffée d'agressivité qui aurait pu réduire à néant tout ce que je venais d'expliquer. J'ai essayé de trouver la parade inverse, celle qui n'a besoin de lutter contre rien ni personne pour s'imposer :
- Et vous, avez-vous compté le nombre de gens qui ont payé pour venir écouter mes bêtises ?
Tonnerre d'applaudissements d'un auditoire soulagé que j'arrive à appliquer ce que je prônais. Mon agresseur, désarmé et isolé, a rougi et s'est rassis." - Bertrand Piccard ("Changer d'altitude", Editions Pocket, 2014, pp.74/75). Le livre est préfacé par Matthieu Ricard - http://bertrandpiccard.com/
Rien n'existe réellement. Tout n'est qu'apparence. Difficile d'admettre cela dans notre pensée matérialiste. Et pourtant c'est ainsi qu'est la nature véritable de l'univers. C'est assez déstabilisant.
"Imaginons une rose fraîchement éclose dont nous admirons la beauté. Qu'elle est belle ! Imaginons maintenant que nous sommes un petit insecte qui grignote un morceau de pétale. Qu'il est bon ! Visualisons-nous dans la peau d'un tigre devant lequel cette rose est posée. Pour lui, la fleur ou une botte de foin, cela ne fait guère de différence. Transportons-nous maintenant au cœur de cette rose et imaginons-nous sous l'aspect d'un atome. Nous n'existons plus que sous forme de trajectoires énergétiques dans un monde kaléidoscopique, au sein d'un tourbillon de particules qui traversent un espace presque entièrement vide. Où est passée la rose ? Où sont sa couleur, sa forme, sa texture, son parfum, son goût, sa beauté ? Quant aux particules, si on y regarde de plus près, sont-elles des objets solides ? Pas vraiment, disent les physiciens. Ce sont des "événements" qui surgissent du vide quantique, des "ondes de probabilités" et, enfin, de l'énergie. De l'énergie ? Serait-ce là une entité ? N'est-ce pas un potentiel de manifestation qui n'est ni non existant ni vraiment existant ? Que reste-t-il de la rose ?
La "vacuité" de quelque chose, ce n'est pas l'inexistence de cette chose mais sa nature véritable. La vacuité d'un arc-en-ciel, ce n'est pas son absence, c'est le fait qu'alors il brille de toutes ses couleurs chatoyantes, il est entièrement dépourvu d'existence propre, autonome et permanente. Il suffit que le soleil qui brille derrière nous soit voilé un instant, ou que le rideau de pluie cesse de tomber, pour que l'arc-en-ciel s'évanouisse sans laisser la moindre trace. Examinons ainsi la nature des choses qui nous entourent. Rendons-nous compte qu'en dépit de leur apparence tangible elles sont dénuées d'existence ultime. Laissons notre esprit reposer quelques instants dans cette union indissoluble des apparences et de la vacuité, de la forme et du vide." - Matthieu Ricard, "L'art de la méditation" (Ed.Pocket, 2008), pp.105/106 - http://www.matthieuricard.org/
"Si l'art de méditer est un cheminement que même les plus grands sages apprennent tout au long de leur vie, s'y initier au quotidien transforme déjà notre regard sur nous-mêmes et sur le monde. En trois chapitres très concrets (« Pourquoi méditer ? », « Sur quoi ? », « Comment ? »), Matthieu Ricard ouvre les voies de la méditation au plus néophyte des lecteurs. À chaque étape de son enseignement, il s'appuie sur des exemples, des images qui permettent de passer du concept à la pratique. Riche de sa double culture, de son expérience de moine, de sa connaissance des textes sacrés, de sa fréquentation des maîtres, il montre le caractère universel d une méditation fondée sur l amour altruiste, la compassion, le développement des qualités humaines. Et les bienfaits évidents que l'exercice de la méditation peut apporter à chacun dans notre société ultra-individualiste et matérialiste." - Mind Biscuit (chaîne YouTube)