samedi 3 mai 2014

S'intéresser et porter attention aux animaux n'est en rien un mépris de l'homme

S'intéresser et porter attention aux animaux n'est en rien un mépris de l'homme



Ce texte fait référence au génocide qui a ensanglanté le Rwanda dès avril 1994.

"Aujourd'hui, j'ai du mal à saisir que ce Rwanda-là et celui que j'ai connu plusieurs mois auparavant soient un seul et même pays. J'éprouve presque une gêne à raconter mon expérience dans les brumes des volcans rwandais, tant tout cela maintenant me semble dérisoire. J'ai conscience qu'à ce stade la cause animale peut paraître indécente en regard du cauchemar de ces Africains. Mais il est des comparaisons inutiles qui créent des confusions malheureuses. S'intéresser et porter attention aux animaux n'est en rien un mépris de l'homme. Les choses sont à la fois distinctes et liées. Il n'y a pas d'incompatibilité à laisser sa sensibilité s'exprimer face à la nature et celle que l'on offre au regard de la condition humaine. Je crois, au contraire, qu'à l'école de celle-ci, la vision s'éclaire d'une lumière plus limpide; que cette clairvoyance atteinte accroît le seuil de réceptivité de la sensibilité. Pouvoir s'apitoyer sur le sort d'une petite bête insignifiante c'est, à fortiori, pouvoir s'insurger et s'indigner des détresses de l'homme. L'exercice de la sensibilité profite à tout le monde. La générosité qu'elle engendre, à l'état pur, n'est pas sectaire. Certains esprits chagrins pensent que l'affection que quelques-un portent à la nature est un détournement d'attention. Je crois que c'est au contraire un élargissement de notre vision, une approche plus globale; et si, par malheur, la tentation d'être plus atteint par les tracas des animaux que par les malheurs de l'homme se profilait, alors il serait impérieux de combattre et d'annihiler ce sentiment, égarement peu justifiable." ("Questions de nature", Nicolas Hulot, pp.210/211)


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